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Ensenada, apprendre pour échapper au bidonville

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Faire bénéficier des enfants et adolescents de bidonville d’un accompagnement social et éducatif pour faciliter le retour à la scolarité qui leur permettra une vie adulte et du travail.

Reprise de scolarité des jeunes d’un bidonville après la pandémie.

Lieu : La Ensenada, bidonville du Nord de Lima (Pérou)

Domaine d’activité : Éducation
Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité
Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser les filles

Bénéficiaires : 1500 enfants bénéficient d’un soutien scolaire
150 enfants ont accès à un centre aéré pendant leurs vacances scolaires

Situation socio-économique du Pérou:

Dire que le Pérou est une société inégalitaire est devenu trivial. Les populations rurales, poussées par les difficultés économiques persistantes mais également par les violences politiques des années 80 et 90, se sont entassées dans des bidonvilles autour des villes de la côte Pacifique. Celles–ci regroupent 60% des habitants dans les zones urbaines et 90 % des investissements du pays. La capitale Lima continue ainsi de grandir s’étirant vers le Nord, l’Est et le Sud-Est de la ville de manière anarchique, et sa population atteint aujourd’hui plus de dix millions d’habitants, soit un tiers de la population du pays. Or comme toutes les villes de la côte Pacifique, elle est établie dans une zone désertique autour de l’embouchure d’un fleuve. Aux bidonvilles, les zones désertiques et escarpées ; à Lima, certains quartiers aisés en ‘sont protégés’ par un mur ! Ces inégalités, sous couvert d’une instabilité politique persistante, sont encore amplifiées par l’actualité récente. Au cours des cinq dernières années, le Pérou a accueilli près d’un million de Vénézuéliens avec concurrence sur les emplois. La pandémie de 2020 avec un taux de mortalité très élevé a été particulièrement traumatique pour les classes les plus défavorisées qui bénéficient d’un très faible suivi de santé. Depuis mars 2022 et la guerre en Ukraine, la situation continue de s’aggraver avec l’inflation sur les denrées alimentaires et le carburant.

Vue imprenable sur Lima à partir du flanc de colline où se situe l’Ensenada !

Le projet présenté sera mis en place à la Ensenada (40 000 habitants) bidonville du district de Puente Piedra (400 000 habitants), qui détient le plus bas Indicateur de Développement Humain de la banlieue nord de Lima. Les habitants de la Ensenada, originaires des Andes, souffrent de discriminations multiples. Peu alphabétisés, ils occupent des emplois peu rémunérés. Les difficultés se sont amplifiées avec la pandémie. Beaucoup de personnes ont perdu leur travail. Presque toutes les familles péruviennes ont perdu au moins un membre de leur famille (le Pérou est le pays plus touché au niveau mondial en termes de décès liés au Covid par million d’habitants).

Mano a Mano dans le bidonville de l’Ensenada: Construite sur des terrains désertiques, constituésde roches friables à flanc de collines, la Ensenada est particulièrement exposée aux risques d’éboulements lors de fortes pluies ou de séismes. Notre partenaire y travaille depuis 1990, visant à l’amélioration des conditions de vie des familles, souvent des mères célibataires. Depuis 2012, L’Appel lui apporte une aide dans l’éducation, soutien scolaire et centre aéré pendant les vacances d’été en janvier- février.

En montant vers le quartier de Los Jazmines où est installée Mano a mano

Entre 2016 et mars 2020, l’aide de L’Appel avait été réduite progressivement tant Mano a mano par son activité propre avec développement d’activités génératrices de revenus (restauration, pâtisserie, accueil de touristes, fabrication d’artisanat) avait réussi à atteindre une forme d’autonomie et à travailler sur 2 fronts : la formation des femmes, souvent mères célibataires analphabètes qu’elle a initiées aux métiers du bâtiment (« femmes constructrices ») et l’éducation des enfants. L’originalité de leur démarche est d’avoir visé ambitieusement à une amélioration globale de l’environnement et à reverdir la colline rocailleuse où est établi le bidonville. Ainsi, Mano a mano et ses femmes ‘constructrices’ ont construit des murs de soutènement dans le quartier de Los Jazmines où l’association est implantée, et maintenant certains murs limitent des parcs entretenus par les habitants où des bananiers semblent pousser depuis toujours. Ces femmes ont aussi peu à peu amélioré la qualité de leur logement les faisant passer de la cabane en bois sans autre ouverture que la porte à de petits maisons en dur avec fenêtres donnant sur une vue imprenable !

En 2020-21, la pandémie a rasé toutes les sources de financement propres de l’association qui devait faire face simultanément à une crise sanitaire grave, la COVID frappant particulièrement cette population sous- et malnutrie de l’Ensenada. La crise sanitaire est maintenant pratiquement dépassée grâce à l’énergie sans pareil de l’équipe de Mano a mano dont l’équipe dirigeante comprend une infirmière et 2 auxiliaires de santé, et l’appui pendant 6 mois de Médecins du Monde. Ensemble ils ont pris en charge le suivi sanitaire de pratiquement 6 quartiers de l’Ensenada. L’Appel a alors répondu à l’urgence santé.

Dès septembre 2021, L’Appel a repris son aide à l’éducation des enfants : il s’agissait de compenser les effets de la déscolarisation des filles en particulier en leur permettant de revenir en bibliothèque où elles auraient accès à des ordinateurs donc aux cours et pourraient bénéficier d’un soutien scolaire spécifique. Aussi en janvier-février 2022 , ce sont 48 enfants défavorisés qui ont pu bénéficier d’un soutien scolaire et d’activités culturelles en plein air (COVID oblige) pour préparer la rentrée de 2022. Le dispositif mis en place reposait sur 2 ex-animatrices de la bibliothèque qui ont été embauchées comme salariées, dans un premier temps pour l’aide sanitaire aux familles, puis qui courant 2021 ont participé à la remise en route de la bibliothèque.

Soutien scolaire en plein air en février 2022

Consolider l’organisation de la bibliothèque

Les écoles du Pérou ont rouvert en mars 2022… au bout de deux ans de fermeture ! Dans un des pays d’Amérique latine qui investit le moins dans l’éducation, la situation de pandémie semble avoir accéléré la mise en place d’un enseignement à distance. Celui-ci se révèle toutefois problématique pour les enfants en situation de vulnérabilité. Il y a donc fort à faire pour tous car il y a uniquement cours en présentiel 2 demi-journées par semaine, le reste étant en distanciel. La bibliothèque est vue en outre comme un point de rencontre permettant la jonction entre éducation formelle et informelle, et comme un lieu où se rendent spontanément les parents. Ceux-ci peuvent alors exprimer leurs difficultés et être entendus. La bibliothèque devient centrale à la vie d’un quartier.

Mano a mano vise à faire de la bibliothèque un réel lieu d’apprentissage et de communication entre enfants, parents, et animateurs en assurant

1- une présence et une aide personnalisée
Il s’agit de former et réorganiser le groupe des animateurs. Suite à l’expérience de 2020-2022, nous souhaitons renforcer la présence des animateurs-trices avec 4 d’entre eux assurant le soutien scolaire en dehors de leurs heures propres de scolarité. La jonction avec les familles sera elle assurée par 2 jeunes arrêtant leurs études pendant 1 an avant leur formation professionnelle et devenant pendant cette période animateurs salariés plein temps de Mano a mano. Les animateurs, jeunes de 16 à 25 ans, habitant le quartier, et qui n’ont pas forcément les connaissances pour encadrer les enfants et donner un service de qualité seront préalablement formés. La formation sera donnée par une ancienne animatrice aujourd’hui avocate et volontaire au sein de Mano a Mano et par une professeur de littérature de manière virtuelle. Les 2 responsables de terrain devront aussi être encadré(e)s dans leur rôle de leaders.

2 – un cadre et du matériel
La bibliothèque du quartier los Jazmines est remise en état et aménagée afin de la rendre accessible à tous en respectant les mesures de biosécurité. Les enfants ont accès à son réseau wifi et à des ordinateurs. Celle-ci fournit en outre des services d’impression et de photocopie à des prix raisonnables.

3- Le développement d’un pôle lecture:
Aménagement de la salle de lecture afin de multiplier les opportunités de développement d’activités, d’échanges et de socialisation autour de toutes les formes de lecture pour une valorisation des cultures locales (lecture, écriture, théatre, supports écrits – livres, magazines, journaux – numérique, audio, etc)
Des quarts d’heure de lecture seront organisés à la bibliothèque de manière journalière et des activités de lecture à domicile seront organisées plusieurs fois par semaine.

4- Un suivi des enfants présentant des difficultés sociales ou d’apprentissage
Des visites à domicile seront faites pour les enfants présentant des problèmes sociaux ou d’apprentissage, afin d’orienter la famille vers les structures adaptées (aide médicale, psychologique, aide légale ou aide pour les familles souffrant de violence). Ce travail de suivi sera fait en coordination avec l’infirmière de l’association et la psychologue.

5- Création d’un groupe de parents
Afin d’impliquer les parents dans les activités, des réunions de parents d’enfants seront organisées, afin qu’ils puissent échanger entre eux et qu’ils puissent aussi être formés dans divers domaines. Des mamans qui n’ont pas eu l’opportunité d’étudier seront initiées par la responsable de la bibliothèque encadrée par le professeur on line, dans le but qu’elles puissent étudier par la suite.

6- Animation du centre aéré pendant les vacances scolaires d’été
avec soutien scolaire en calcul et lecture, couplé à des activités culturelles et sportives.

La bibliothèque Micaela Bastidas (à gauche), un lieu d’accueil privilégié où on peut suivre le télé-enseignement (à droite)
Au pied de la bibliothèque, un parc jardin, et un peu plus bas , place à des activités sportives